“Déesses-Mères” et “Vénus” chez les Celtes aux premiers siècles de notre ère 

International audienceFemale images are quite varied within the Celtic world, and most of them date to Roman times. Therefore, their identification tends to reflect the Roman world, also because written material of that era is scarce, and archaeological data are unreliable. A large number of inscriptions give these figures the name of “Mothers” with many and various epithets. A few monuments depict a triad of female figures, with a cornucopia on their knees or a child in their arms. They are therefore identified with female deities associated with nurture and fertility, for the most part “Mother Goddesses”. The Celtic traditions – including through the Irish tales – seems to give a prominent place to female figures, playing both the natural role of “Mother” and a more political one of “Queen” – with the name of Rigani. In this perspective, these female figures may refer to a more symbolic concept, i. e. both motherhood and autochthony.Parmi les représentations anthropomorphes des civilisations antiques, les figurines de terre cuite constituent un mode d’expression courant. En cause, la technique du moulage dont elles étaient issues, qui permettait une production en série et une large diffusion, mais également – et rétrospectivement – le matériau utilisé, résistant au feu, à l’humidité, à l’enfouissement, voire aux pilleurs et garant d’une conservation à travers les âges. Elles apparaissent en nombre à partir du Néolithique et sont particulièrement connues en Grèce et dans tout le Proche-Orient, en Inde, en Chine, jusqu’en Amérique précolombienne. Le répertoire iconographique est généralement très varié : outre les figurines animales, elles se déclinent en personnages féminins ou masculins, jeunes ou plus matures, dans des tenues et postures diverses. De taille plutôt réduite, on les identifie à des offrandes – ex-votos laissés dans les sanctuaires ou placées dans les sépultures. Il est probable qu’elles reflétaient un mode de pensée et de fonctionnement « communautaire », que l’on est tenté de chercher – et de restreindre au contexte purement religieux. Certaines sont ramenées à des divinités dès lors qu’y est reconnu un élément évocateur, mais l’environnement polythéiste autorise singulièrement une identification multiple et multipliée, hors du cadre des divinités principales, sans toujours faire la part de possibles représentations liées à la vie quotidienne [Huysecom-Haxhi, Picazo].Des divers répertoires, les figures féminines sont de loin les plus nombreuses – et pour beaucoup sont identifiées à des Déesses-Mères ou des Vénus / Astarté. Sans doute parce que le monde celte s’est peu servi jusqu’à la conquête romaine de ce type d’expression, les petites figurines de terre blanche moulée que l’on retrouve en milieu sacral et funéraire tout au long des Ier-IIe siècles de notre ère ne dérogent pas aux identifications classiques. Expression de la maternité, l’enfant blotti dans les bras d’une femme évoque ainsi très souvent l’image d’une Déesse-Mère ; expression de la séduction et/ou de la fertilité, la nudité féminine – totale ou partielle – se rapporte de son côté et de manière conventionnelle à Vénus, protectrice du foyer. Or, le rôle de ces figurines n’est sans doute pas à ramener stricto sensu à une croyance religieuse [Testart] : si la première évoque aisément la mère – et pas forcément la Déesse-Mère –, quelques-unes des représentations aux caractéristiques sexuelles marquées affichent une posture et des attributs qui ne relèvent pas de simples détails de la parure de Vénus – ni même d’une simple symbolique de la fertilité. En l’absence d’écrit, il paraît certes difficile d’identifier clairement des gestes et des objets originaux : il n’est pas pour autant de les négliger, mais au contraire de les distinguer et de s’interroger sur leur signification, voire sur leur provenance, en s’aidant autant que faire se peut des données archéologiques